Finis les pieds, ils me les cassent
!
Pas assez pour qu'ils me tracassent...
J'arrime les mots
et finies les rimes,
Ecrire en vers libres n'est pas un crime !
Révolté, je volte et virevolte
avec le lexique.
L'arithmétique m'a fâché avec la
métrique.
Je fuis les iambes à toutes jambes.
Au rictus des hiatus, je préfère les diphtongues,
Elles me font penser à la douceur d'Haïphong.
Mais elles laissent mal à l'aise: diérèse ou
synérèse ?
C'est que, vous voyez, je n'ai pas l'esprit de
synthèse.
Un lai et ses marcassins ravagent
mes alexandrins
Et l'octopus s'emmêle les tentacules
dans les octosyllabes
Alors que je débite une anachronique
ode anacréontique.
Hier on sonnait la fin du match.
Score sans appel: quatrain,
Pendant qu'un tercet d'illusions
berçait les vaincus.
Sous le poids des rondeaux, je
me balade le dos rond.
Sans
postiche, je me crois fortiche avec
un hémistiche
Même par ce froid où les césures me causent
des gerçures.
Quant à l'acrostiche,
je m'en fiche si je ne m'en entiche.
Tous ces poèmes ont les pieds rongés
par la vermine
Redonner des couleurs, affaire de style et de
crayon-mine.
J'altère l'allitération et de
libations je me désaltère.
Les assonances m'assomment ?
Et je lutte contre les anacoluthes
Et applique l'homéopathie sur les
homéotéleutes.
Je scelle les anaphores dans une
amphore
Avec mes contradictions, des apories
bien pourries.
L'anadiplose me colle à la peau
comme une mycose
Et avec l'épanadiplose j'explose
Tandis qu'avec l'ellipse je tourne
en rond.
L'oxymore ne m'occit plus beaucoup
Quant au chiasme, ce qu'il me
donne... Devinez ?
Pas en phase avec les antiphrases qui me
rasent
Mon blase ne supporte plus ces tas
d'antanaclases
Et parfois me prend l'envie de boxer un
paradoxe.
J'ai peur d'être sinoque à force de
synecdoques.
Je crains autant les métastases que
les antonomases
Ou la métonymie qui myotoniquement
me contracte.
Et j'en réfère à Paracelse pour
l’épanalepse.
Face à tant d'allitérations altérées
je m'alite.
A force de ET la polysyndète m'a rempli la tête
Et la litote me réduit en tête de linotte.
Avec la prétérition je doute de mes prétentions
Car le mécanisme de l'euphémisme est éphémère.
Epizeucte et puis zut zut de me répéter.
Truisme que d'évoquer mon altruisme.
Peu sexy le zeugma évoque une odeur fétide
Quand la paronomase me rendrait parano.
Méiose et mitose me réduisent tant que j'en suis
mytho
Mais l'allégresse me pousse parfois à ériger des
allégories.
Face à l'auxèse, j'hésite faire l'exégèse ou
l'exérèse
Tandis que l'épanorthose ne sublime pas l'arthrose.
L'aposiopèse si lourd quelle me laisse coi...
Pour l'asyndète, je me trouve bête criblé de dettes.
L'abondance à pleins bols, c'est une parabole de
sots
Et ils peuvent faire bombance de redondances
Puisqu'ils sont pleins aux as, quel pléonasme !
Polyglotte, je hais tu hais les polypes et la polyptote.
Dans un hippodrome, je cavale après les palindromes
Et je reste obèse malgré les lipogrammes.
Imaginez
vous toutes
ces saillies qui
m'assaillent...
Sans style je joue je jongle et défigure la langue
Et j'imagine vos figures hostiles et
exsangues.
Après vers et figures de style, encore plus
de détails.
Sous le C, la cédille est
une sorte d'hameçon
Comme un tout petit poisson qui frétille.
Le tréma pointe sur le I, parfois le E, peu
le U.
C'est comme un Oscar pour les stars du
cinéma.
Le chapeau de l'accent circonflexe coiffe
les demoiselles,
Les A, E, O bien rangées qu'il préfère aux
I et U voyelles.
Quant aux accents graves et aigus, médecins
de malheur,
Ils m'apportent maladie grave et souffrances
aiguës.
Avec la ponctuation, j'en
prends pleins le figure,
De ces coups de point tirés de la
littérature.
Un point c'est tout mais deux points ça en
impose.
Le point-virgule cache une expression
bavarde.
Les points de suspension laissent prévoir
des cahots...
Et pourtant dans ce total chaos, point
d'exclamation !
Au poste, l'interrogatoire se règle-t-il à
coups de point ?
Entre parenthèses, j'en rajoute. Foin de
synthèse.
Des crochets vont s'y implanter tels les
esses du boucher.
La malédiction du tiret, un trait tiré -
osons ce trait d'esprit -
C'est qu'il sépare alors que le trait
d'union assemble.
« Entre guillemets » je prête au tiers des
propos non assumés
Et mon esprit gaulois trouve bien utile
l'astérisque
Pour user de références sans prendre de
risque.
Des MAUX à MOTS
ou
D'EMAUX à MOTS
Les sons des mots, noçons, cessons, délaissons les leçons.
Les sens des mots, l'essence, l'aisance, décence de l'absence.